Et voilà que Camelot était plongé dans les pénombres et l'obscurité de la nuit. Le soleil n'était plus et c'était à présent la lune qui gouvernait le ciel, entourée de ses étoiles. Un spectacle qui s'avérait magnifique à observer. Toutefois, ce n'était pas la priorité de la princesse qui s’apprêtait à quitter le château. Même si un couvre-feu avait été instauré, même si des gardes patrouillaient la ville toute la nuit et même si son père la croyait endormie, la princesse avait beaucoup à faire. La veille, sa servante et elle étaient allée dans les bois de Brocéliande. À l'écart de Camelot et surtout à l'abri des oreilles trop curieuses et indiscrètes – c'est du moins ce qu'elles avaient pensées – elles avaient mit sur pied un plan pour détrôner le roi Lucius, à savoir, le père de la dite princesse Aeryn Mordhain. Malgré les apparences qu'elle voulait bien afficher dans le royaume et à la cour de Camelot, la parfaite fille de son père, fidèle à ses idées et à ses convictions, future reine de Camelot qui perpétuait les règles et les idées de son père, elle n'était rien de cela. Aeryn désirait avoir la couronne de Camelot. Et elle ne pouvait plus attendre que son père soit trop vieux, il est destiné à connaître une longue existence, elle voulait le pouvoir dès maintenant. C'est pourquoi Arégonde, dame de compagnie d'Aeryn, lui avait proposé de l'aider dans cette tâche. Jusque là, sa servante ne l'avait jamais déçue et ses pouvoirs magiques lui avaient toujours été bénéfiques. La princesse de Camelot gardait jalousement le secret de la sorcière, parce que si elle devait être découverte et condamner à mort, Aeryn ne pourrait plus parvenir au trône aussi facilement qu'aujourd'hui. De plus, un lien puissant s'était tissé entre elles. Arégonde n'était plus que sa servante, plus qu'une amie en fait, elle était la sœur qu'elle n'aurait jamais. Arégonde avait sentit que la princesse Aeryn développerait tôt ou tard des pouvoirs magiques. C'était un don de la sorcière, être capable de reconnaître les sorciers et les détenteurs de la magie parmi tous les autres êtres mortels. Lorsque les pouvoirs d'Aeryn lui apparaîtrait, Arégonde l'aiderait à les maitriser.

Sauf que, comble de malheur ou de malchance peut-être, il s'avère qu'elles avaient été entendu. Arégonde avait repéré une jeune fille dans les buissons. Une jeune fille qui connaissait les éléments de la magie, parce qu'elle empestait la magie à des kilomètres. Elle les avait épié forcément et elle avait tout entendu. Elles avaient tenté de la retrouver, mais la jeune fille avait été trop rapide et elle leur avait échappé. Ce soir, alors que personnes ne se doutaient encore de la malveillances de dame Aeryn, elle était déterminée à retrouver la jeune fille des bois et à la faire taire à jamais... Si jamais on devait connaître les intentions de la princesse, ou si cette information tombait entre de mauvaises mains, qui sait à quoi pouvait s'attendre Aeryn.

Elle s'habillait d'une robe mauve, qui se confondrait avec les couleurs sombres la forêt. Arégonde l'assistait en silence. Elle redoutait de la voir partir pour la forêt seule, sans protection. D'autant plus que la sorcière connaissait les dangers des bois. D'étranges créatures y vivaient, des loups, des voleurs, des brigands. Les bois de Brocélainde était aussi le repère des druides. Et s'ils devaient identifier la princesse, malheur à elle. Son père était le pire ennemi de la magie et la seule façon de l'atteindre, lui si bien protéger et si bien entourer, était de s'en prendre à sa précieuse fille. Arégonde connaissait très bien le sujet, ayant pensé elle-même il y a fort longtemps à s'attaquer à l'enfant qu'était à l'époque sa sœur. Cependant, en vieillissant et surtout en la côtoyant davantage, Arégonde en était venue à apprécier le côté sombre de sa princesse et elle lui avait offert son aide pour vaincre son père. Leur but était le même, voir le roi Lucius tomber pour qu'Aeryn prenne place sur le trône. Et l'espoir de la voir gouverné camelot avec la magie, une magie puissante et sombre, la magie du sang, était réjouissant pour cette sorcière déchue, forcé de vivre dans la clandestinité.
Alors que dame Aeryn rabattait la capuche de sa cape sur sa tête, la servante magique lui apporta nonchalamment son poignard. Cependant elle l'a mit en garde : « Ma sœur, tu ne devrais pas aller dans ses bois sans être accompagnée... ». Elle était bien la seule à pouvoir lui parler avec autant d'intimité. Bien évidement, son père et sa mère connaissait le même ton de familiarité dans leur voix, mais c'était parce qu'ils avaient plus d'autorité sur elle. Pourtant, aucun autre personnage de la cour et de son entourage ne pouvait lui parler ainsi. La princesse semblait ne pas avoir écouter les paroles de sa dite sœur, elle enfonça le petit poignard dans le fourreau à sa ceinture et leva les yeux vers Arégonde. Elle haussa un sourcil et puis elle lui demanda, une pointe de sarcasme dans la voix : « Tu me crois incapable de me défendre, Arégonde ? ». Arégonde pencha la tête, en signe de pardon puis s'excusa, balançant ses longs cheveux blonds de gauche à droite : « Bien sûr que non, Aeryn ». « Ceci dit, tu as raison. Je ne peux y aller seule... ». « Laisse-moi t'accompagner ». Aeryn la regarda et un sourcil mesquin vint simplement étirer le coin de ses lèvres alors que les flammes de la chambre illuminait son regard : « Alors habille-toi, nous devons partir immédiatement ». Elles étaient toutes les deux impliquées, elle était en droit de se joindre à elle.

Elles avaient rapidement quitter le château de Camelot. Et comme ce n'était pas la première escapade nocturne des demoiselles, elles avaient réussit à sortir des remparts de la ville sans trop de difficulté. La forêt de Brocéliande n'était pas très loin de Camelot, en fait, elle était en partie celle qui entourait le royaume. Il fallait seulement s'enfoncer plus profondément dans les bois pour y parvenir. Ce qu'elles firent. Aeryn ne craignait plus rien aux côtés de la diabolique sorcière Arégonde.

Lorsqu'elles furent parvenu au bois, les yeux d'Arégonde se sont illuminés d'un jaune très clair et elle prononça une formule qu'Aeryn ne parvenait pas encore à comprendre. Mais selon la sorcière, ça ne saurait tarder. Fermant les yeux, elle se concentra un instant pour déclarer avec certitude : « Elle n'est pas très loin »